Bibi au Japon 2005

mardi, octobre 25, 2005

Temple Sengaku-ji ou l'histoire des 47 Rônins "Akô Gishi"

L’histoire des 47 Rônins s’inscrit au sein de la culture japonaise comme l’un des contes les plus éloquents en matière de code d’honneur. Ce récit populaire, basé sur des faits réels, est l’illustration saisissante d’une coutume morale et radicale, celle du seppuku.

L’époque Edo, qui dure de 1603 à 1868, est régie par une dynastie de 15 shôguns issus de la famille TOKUGAWA. Le code d’honneur des samouraïs (ou "Bushido"; littéralement, la "voie du soldat ") édicte des règles précises, parmi lesquelles le mépris de la mort ou le contrôle de soi. C’est également l’époque où le seppuku, forme de suicide rituel, est plus que jamais ancré dans les mœurs. C’est dans ce contexte particulier que va se dérouler la fameuse et sanglante histoire des 47 rônins.

Le shôgun de l'époque est Tokugawa Tsunayoshi. L'empereur vient d'envoyer à Edo, auprès de lui, trois ambassadeurs afin qu'ils parlent en son nom. Afin de les recevoir comme ils le méritent, étant donné leur rang, on confia les préparatifs à deux grands seigneurs de l'époque. L'un d'eux était Asano Naganori, un très riche seigneur, à qui fut confié la direction de la cérémonie. Il déclina l'offre en arguant son ignorance en matière d'étiquette de la cour. Après plusieurs pressions de la part des autres seigneurs, il accepta à la condition d'être aidé du maître de cérémonie officiel Kira Yoshihisa.

La coutume voulait que l'on offre un cadeau à un fonctionnaire lorsqu'on lui demandait un service. On conseilla donc à Asano de ne pas être avare envers le vieux courtisan. Mais Asano avait été élevé dans le principe droit du conficuanisme et refusait de donner à un fonctionnaire de l'État plus de cadeaux que son rang n'en méritait. C'était, selon lui, le devoir de Kira de lui donner les informations nécessaires. Malheureusement, Asano ne connaissait pas les usages d'Edo, ni la mentalité corrompue des grands de l'époque. Il ne donna qu'un présent symbolique à kira. Celui-ci le prit très mal et se rendit indisponible pour Asano.

Vient le jour de la rencontre avec les ambassadeurs. Asano, ignorant tout du protocole, demande en désespoir de cause conseil auprès de Kira. Le vieux maître de cérémonie ne daigne pas l’aider. Pire, il l’humilie publiquement, le traitant comme un irresponsable. Le jeune seigneur commet alors une première erreur: il dégaine son sabre. Le vieillard appelle à l’aide et reçoit un coup qui le blesse jusqu’au sang.

L’accident est évidemment vite rapporté à TOKUGAWA. Asano vient de commettre le double impair de retirer son arme et d’en faire usage au sein du palais du Shôgun.

La sentence est rapidement prononcée. Pour la gravité de ses actes, Asano doit se faire seppuku. Les terres qu’il possède sont saisies par les autorités. Pour les soldats qu’il commandait, deux solutions se présentent: suivre leur maître dans la mort, c'est-à-dire pratiquer le junshi, ou rester en vie et subir les railleries du peuple, leur reprochant leur manque de courage.

Parmi les 300 vassaux d’Asano, 47 choisissent cette dernière solution: ils seront désormais des rônins, c'est-à-dire des samouraïs sans maître et sans ressources, mais animés par la ferme et secrète intention de venger leur maître. Ainsi, pendant près de deux ans, les guerriers font mine de mener une existence normale, endurant les insultes et les railleries.

Pourtant, durant ces longs mois, les rônins mettent secrètement au point l’attaque qui leur permettra de prendre leur revanche sur Kira - ce que l'on appelle le gishi, le devoir de vengeance.

Une nuit, le 14 décembre 1702, alors que tout le monde les a oubliés, ils surgissent devant la maison du vieil homme. Ils passent à l’attaque et se livrent à un véritable massacre, exécutant sans retenue les employés et les soldats qu’ils rencontrent. Ils mettent finalement la main sur Kira, caché sous une pile de linge. Ils lui accordent le droit à une mort digne, en se faisant seppuku. Il vient à peine d'exprimer son refus lorsque le chef des rônins lui tranche la tête. Un sort réservé aux hommes de petite envergure.

Les 46 rônins ayant survécu à l’assaut se rendent ensuite sur la tombe de leur maître et y déposent la tête de Kira; puis ils se constituent prisonniers auprès des autorités. Leur geste est bientôt salué par la population et par le Shôgun lui-même. Le Conseil qui les juge doit réfléchir à une punition adéquate, car ils doivent à la fois se prononcer sur un acte de bravoure et sur un crime qu’il ne faut pas laisser impuni, ne serait-ce que pour donner l’exemple.

Le jugement est rendu le 1er février 1703: en tant que samouraïs, ils doivent subir une mort digne, à l’image de leur conduite. Ils reçoivent ainsi l’ordre de se faire seppuku. Ils acceptent le châtiment et se donnent la mort le 4 février.

La cérémonie se déroule dans la dignité. Préparés depuis l’enfance à accomplir ce geste, les rônins sont bientôt célébrés par le peuple qui leur offre une sépulture spéciale. Seul le plus jeune d’entre eux, âgé de 15 ans, est épargné. Il honorera la mémoire de ses camarades jusqu’à sa mort, à 81 ans.

Aujourd’hui encore, la mort des 47 rônins est commémorée tous les 14 décembre. A Tokyo se déroule une parade qui mène jusqu’au temple Sengaku-ji, où sont enterrés les samouraïs.

Entrée du Temple.


Cour intérieure.


Puit ou les rônins lavèrent la tête de Kira avant de la montrer à leur seigneur Asano.


Les tombes des rônins. Leurs noms et ages y ont été gravés.


Explication des termes suivant:

Rōnins étaient des samourais sans maître.

Après la période Sengoku (1467-1568), l'image des samourais se dégrada, et ils furent considérés comme des mercenaires à la solde de leurs maîtres. C'est à cette époque que le nombre de rōnins augmenta. Les rōnins combattaient pour leurs idéaux. On leur associait souvent l'image du preux chevalier. Nombre d'entre eux devinrent des prêtres bouddhistes errants (Komuso), vivant d'aumônes.

Seppuku ou argotiquement Hara-kiri est un suicide rituel et honorable d'origine japonaise. Traditionnellement, il se fait dans un temple en s'ouvrant l'abdomen avec un Tanto (sabre le plus court), ce qui libère l'âme. La forme traditionnelle consiste en une ouverture de haut en bas et une dans la largeur. Il existe une version moins honorable (et moins douloureuse) dans laquelle un ami (kaizoe ou kaizoe-nin) coupe la tête pour une mort instantanée.
Le hara-kiri était traditionnellement utilisé en dernier recours lorsqu'un guerrier estimait un ordre de son maître immoral et refusait de l'exécuter. C'était aussi une façon de se repentir d'un péché impardonnable, commis volontairement ou par accident. Plus près de nous, le seppuku subsiste encore comme une manière exceptionnelle de racheter ses fautes, mais aussi pour se laver d'un échec personnel.
En japonais, hara kiri est un terme argotique — littéralement, « ouvrir le ventre ». Le terme correct pour un suicide honorable est seppuku (désincarnation).

Junshi est le treme utilisé pour un seppuku de groupe chez les samouraïs, qui par leur mort, rendaient hommage à leur maître en le suivant par-delà l'épreuve de la mort. Le Junshi est donc également le signe du dévouement.

2 commentaires :

  • Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

    Par Anonymous Anonyme, à 10/25/2005 9:45 AM  

  • Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

    Par Anonymous Anonyme, à 10/25/2005 9:45 AM  

Enregistrer un commentaire

<< Accueil